par Dr Emmanuel Contamin
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07 avr., 2021
Les liens sociaux sont importants pour soutenir notre résilience personnelle et familiale, et la cohésion sociale est essentielle pour notre résilience collective. Ces liens sociaux se développent sur des fondations profondément inscrites en nous dès le plus jeune âge, la compassion , l’altruisme et la coopération ; elles dépendent cependant de la sécurité des liens d’attachement, puis des normes sociales qui peuvent plus valoriser la compétition ou la coopération. Les études de psychologie sociale confirment que les motivations à la coopération et l’altruisme sont fortes et spontanées, mais qu’il faut des régulations pour les soutenir face aux profiteurs. La préparation de la résilience des collectivités locales se joue donc au niveau de la petite enfance et de l’école, des relations de voisinage et de la solidarité. Nous voyons tout l’intérêt du mouvement de la Transition , qui prépare la résilience du territoire en l’aménageant comme un écosystème durable et productif, riche en emplois et en liens sociaux, et économe en ressources, en eau et en énergie. Pour renforcer la richesse de votre résilience par vos liens sociaux, je vous propose de réfléchir à votre engagement local . Les communautés locales sont imbriquées dans des systèmes plus larges d’approvisionnement en eau, en aliments et en énergie, d’échanges commerciaux, de régulations politiques, etc. Il est nécessaire que les groupes qui renforcent leur résilience locale développent aussi leur mise en réseau et leur relation à leur environnement. Pendant les phases de résistance et d’adaptation, les thérapies EMDR de groupe sont très intéressantes pour soutenir la résilience de collectifs traumatisés par des événements similaires : lors de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, pour des enfants victimes de violences domestiques ou pour des réfugiés. Elles mériteraient d’être incluses dans les programmes de l’OMS, et en France dans les CUMP et centres régionaux du psychotraumatisme. Pendant cette pandémie, nous avons mesuré à quel point il est crucial de construire une collaboration entre les différents acteurs : les relations de confiance et les enjeux d’équité et d’inclusion des plus vulnérables sont essentiels à la résilience dans la durée. Cela nécessite de construire collectivement la vision de projets de territoire acceptables et ayant du sens pour notre bien commun. La trajectoire de résilience peut renforcer ou fragiliser notre modèle démocratique ! Il est enfin clair que des orientations politiques doivent soutenir notre résilience collective et démultiplier l’impact des actions efficaces, que ce soit pour la mise en oeuvre des propositions de la commission des 1 000 premiers jours, la diffusion des bonnes pratiques à l’école, la demande des associations de solidarité d’un « pacte du pouvoir de vivre », ou les mesures proposées aux municipalités par le collectif pour une transition citoyenne. Cet article est tiré du troisième chapitre de mon ouvrage Les 5 cercles de la résilience , publié aux éditions Larousse. Dr Emmanuel Contamin, Psychiatre